Sous-marin classique marsouin ...

Tout d'abord je tiens à partager avec vous cette triste nouvelle et à exprimer à sa famille ma sympathie.

Je ne peux pas apporter de témoignage direct sur cet accident dont a été victime Daniel, à cette date je sortais tout juste du cours de B.E. électricien à Cherbourg. Par contre je peux apporter mon vécu de jeune matelot électricien qui venait juste d'embarquer sur un sous marin.

En 1966  je découvrais les installations électriques des sous marins, guidé par mes supérieurs dont faisait parti Loulou , Jean Pierre,  et bien d'autres dont j'ai oublié les noms mais pas leurs visages.

Mon principal souvenir de ce début d'activité se résume dans l'entretien et la surveillance des batteries qui constituaient avec les diesels la seule source d'énergie.

Lors de  mes premiers pas dans les batteries je me rappelle très bien les avertissements de Fernand qui m'expliquait mon travail et les circonstances de cet accident en me montrant la connexion finale qui a été fatale à Daniel. 

Je peux vous dire que j'avais du mal à me rendre compte de l'importance de toutes ces mises en garde jusqu'au jours ou Daniel est venu nous rendre visite après de longs mois de souffrance.

Mes souvenirs sont encore presque intacts. Je peux vous dire qu'à chaque manutention des connexions, notre souci était à ne pas reproduire cet accident.

Je revois très bien les OM chargés de diriger les remplacements de batteries suivre avec une très grande attention le plan de connexion lors du remontage de celles-ci et nous conseiller dans l'utilisation des clés à cliquet qui était lourdes et encombrantes.

Il faut bien le dire chaque remplacement de batterie faisait l'objet d'un record de durée. Nous étions tous dans l'action et nous avions la volonté de faire le plus court possible même si notre patron électricien nous ramenait souvent à la raison. Au fur et à mesure de l'avancement des opérations les points d'arrêt nous permettaient de bien vérifier le plan de connexion et freiner nos ardeurs pour ne pas reproduire un tel accident. Je revois encore tout cela et le suivi permanent de cette opération à haut risque que faisait notre ingénieur Alain Leroy.

Maintenant on parle de plan qualité, de pré job briefing et bien d'autres termes pour cadrer nos activités. A cette époque je peux dire que nous n'étions pas encore dans la qualité mais dans la volonté de bien faire notre travail dans le seul cadre de la hiérarchie militaire. Les analyses de risque n'existaient pas encore.

Je peux vous dire tout simplement et avec une grande franchise que le souvenir de Daniel ne m'a jamais quitté.

Bien amicalement à vous tous et à sa famille.

Gérard DAVID ce 21.102010 à 09h11