Sous-marin classique marsouin ...

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VIE ET MORT DE L'ETRAVE S632 MARSOUIN

Envoyée vendredi 29 mars 2013 à 14:10:00

 
VIE ET MORT DE L’ÉTRAVE DU S632 MARSOUIN 
 
Mon histoire a commencé en septembre 1951, lorsque je suis née à Cherbourg. Après quelques maladies de jeunesse, ma première baignade a eu lieu le 21 mai 1955 sous le regard de l’amiral Periès, préfet maritime. Je suis la deuxième d’une fratrie appelée «les 1200T». Mes soeurs sont le S631 Narval – moi-même – S633 Dauphin – S634 Requin – S637 Espadon – S638 Morse. Nous sommes représentées par les six étoiles sur le logo de la Marsouinade Atlantique Union des 1200T, réalisé par Henri.
  
 
Pour tester ma résistance, je fus obligée de faire une grande traversée le 18 septembre 1957 de Cherbourg à Toulon pour rejoindre ma première famille adoptive : la 1ère ESM.
Ma petite enfance fut émaillée de quelques petits bobos :
Je touche la côte le 27 février 1958 avec de grosses égratignures sur le nez. Le 5 février 1959, je connais une belle frayeur avec une pointe négative vers les profondeurs, suite à un exercice d’avarie de station d’huile.
Après ces péripéties, je fus envoyée dans ma famille définitive : la 2ème ESM à Lorient.
Mon adolescence débuta par un accident : le 15 novembre 1960, un vilain bateau qui naturellement a pris la fuite, me heurta violement. Mon massif fut découpé par les hélices de ce chauffard des mers.
Ma vie d’adulte commença en 1961. Les dix années qui suivirent furent les plus belles de mon existence, croisières, tous les lundis ballades en mer, ballades dans la lande bretonne avec des fusils, et grenades au plâtre, plongée dans la piscine de la tour Davis, et quelques heures de vol pour jouer à cache-cache avec une mes sœurs (Morse) sur les Neptune P2V-7 de nos amis les marins du ciel de Lann-Bihoué, nous avons même joué aux pompiers sur le toit de ma maison, la base sous-marine, j’ai même tirer au revolver sur des cibles comme à la fête foraine (toujours sur le toit) !
Malheureusement au cours de ces dix années, j’ai perdu deux papas : en 1965 le LV Dyèvre et en 1967 le LV Lecointre.
 
1961, au large de l’Ecosse, ma chienne préférée Fifille donna naissance à deux garçons Scapa et Gardon.
1961 : Jean-Paul Wagener, Fifille, Scapa, Gardon
 
En 1964 pour continuer mon éducation, et en récompense de ma bonne tenue, mon papa du moment, Jacques de Lacroix de Vaubois, accompagné de nombreuses personnes; nous partîmes faire une croisière appelée Nordique en mer de Norvège. Qu’elle expérience inoubliable, j’étais la première à réaliser cette croisière !! Afin de ne pas faire de jaloux dans la famille, deux autres croisières eurent lieu en 1965 et 1967.
  
08 mai 1964, contact avec le pack. Le Marsouin vu de l’Espadon
  
Au retour de cette mémorable croisière, un nouveau papa, le CC Jean-Claude Bertaux arriva chez moi accompagné de messieurs portants des dorures sur leurs manches de veste, et d’une bande de joueux lurons, sportifs, et très sérieux au travail.
     
 
Ma vie s’écoula gentiment jusqu’au jour ou je fus obligée de passer dans les mains de spécialistes pour un lifting, de février 1968 à octobre 1969.
Ma carrière s’en trouva prolongée, jusqu’au jour fatidique ou atteinte par l’âge je fus condamnée définitivement le 8 juin 1983. Ma vieille carcasse fut mise aux enchères par monsieur Yannick Euzenot, et c’est Monsieur Vaisse ferrailleur de son état, qui me récupéra pour la somme de 266 000 frs (396 946€).
Le dépeçage commença alors.
 
 
Le 27 mars 1987, mon corps réduit en mille morceaux, une âme charitable me mis sur un terre-plein des chantiers de La Perrière pendant plusieurs mois. La ville de Lorient m’acheta au poids de la ferraille pour la très modique somme de 40 000 frs (6200 €).
In extrémis et sur l’initiative de quelques anciens sous-mariniers, mon inauguration comme poteau indicateur en bordure de la rocade de Kérolay eut lieu le 2 novembre 1989 en présence de quelques représentant des élus locaux et amis sous-mariniers.
 
Pour la cérémonie, le capitaine de vaisseau Camille Sellier fit réaliser une plaque commémorative en bronze sur laquelle est indiqué mon cursus, et mon surnom affectueux de « Perle de l’Atlantique » par ceux qui m’ont aimé. Il prononça à cette occasion un discours relatant mon cursus.
 
         
Délaissée par mes acheteurs…
 
Heureusement entretenue quelques fois à leurs risques et périls par quelques anciens sous-mariniers de la section Narval de l’AGASM.
Je suis victime d’incivilités, et vol de ma plaque en bronze.
C’est en juin 2010 lors du 1er rassemblement des plus anciens de la famille (1955/1969) que la disparition de ma plaque fut signalée.
Lors du 2ème rassemblement des plus jeunes (1970/ 1982), en septembre, et sur l’initiative d’Alain Courtin une nouvelle plaque fut posée, merci Alain…
Entre ces deux rassemblements, il a été décidé de s’adresser aux pouvoirs publics lorientais pour me faire rentrer à la maison : la BSM.
Mes amis de la section Narval avaient déjà pris une longueur d’avance sur ce postulat. Une nouvelle dynamique s’est mis en place par l’envoi de lettres aux élus lorientais, au service du Patrimoine et élus du Conseil général du Morbihan.
Aucune des personnes contactées n’a daigné répondre aux courriers !
D’autres actions entreprises par mes amis lorientais ont aboutis au même résultat.
Suis-je condamnée une deuxième fois ?
Pourquoi la ville de Lorient n’accède-t-elle pas à la demande de mes amis ? Qu’ai-je fais pour mériter cela ? Suis-je condamnée une deuxième fois ? Je souhaite intensément avoir du monde autour de moi à côté de la Flore.
En 2013, mes amis de l’association La Marsouinade Atlantique Union des 1200T ont redynamisé une nouvelle fois l’action entreprise en 2010 pour unir leurs forces à celles de nos amis lorientais, afin de faire bouger les lignes en interpellant dans un premier temps tous les acteurs de la vie locale (élus, opposition républicaine, journaux, etc…), et ceux de la vie régionale.
Vite mes amis n’attendez pas de nombreuses années pour me sortir de là, en plus de mon état qui se dégrade rapidement, je reçois des coups.
 
 
Remerciements
Marine Nationale / NetMarine / à tous les sous-mariniers pour l’envoi de photos
Amiral Sellier / Amiral Salles
Remerciements à tous les équipages des « 1200T » et leurs commandants
Webmaster Fernand Loubayère site « La Marsouinade Atlantique »
Webmaster Jean-Gabriel Neveu site « La Narvalaise »
 
Henri Baldassari 28 mars 2013
 
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